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Article: Lorsque nos données nous survivent : un danger silencieux

« À l’ère du numérique, nos empreintes digitales ne s’effacent jamais vraiment : elles peuvent continuer à vivre et à agir bien après notre disparition. »

L’héritage numérique : un enjeu méconnu

Chaque jour, nous générons des masses de données : échanges de courriels, publications sur les réseaux sociaux, transactions bancaires, dossiers médicaux ou encore photos et vidéos de nos moments les plus intimes. Or, rares sont ceux qui prennent le temps de dresser un inventaire clair de ces actifs digitaux ou qui prévoient ce qu’il adviendra de leurs comptes après leur décès. Les procédures de suppression varient d’une plateforme à l’autre, les délais sont souvent flous, et les démarches requièrent presque toujours l’intervention d’un proche munis d’une preuve de décès et d’une patience à toute épreuve. Dans ce contexte, l’absence de planification crée une zone grise où nos données continuent d’exister, potentiellement exposées et vulnérables.


Pourquoi cet héritage peut devenir un risque

Lorsque nos comptes restent actifs sans surveillance, ils deviennent une proie de choix pour les cybercriminels. L’usurpation d’identité post-mortem n’est pas un fantasme : des détails comme la date de naissance, les contacts d’amis ou les transactions passées offrent un terreau idéal pour ouvrir de faux comptes bancaires, contracter des prêts frauduleux ou lancer des arnaques ciblées. Par ailleurs, les données médicales ou financières, souvent hébergées sans chiffrement suffisant, peuvent être revendues sur le marché noir, entraînant des fuites aux conséquences graves sur la vie privée de nos proches. Enfin, un profil Facebook ou LinkedIn laissé « en l’état » avant mortuaire peut véhiculer de fausses informations, nuire à la réputation de la famille ou être exploité pour diffuser de la désinformation au nom d’un défunt.


Les vecteurs d’exploitation post-mortem

Les forums clandestins abondent de bases de données piratées où sont échangés noms, identifiants et documents officiels dérobés. Les arnaqueurs n’hésitent pas à envoyer des courriels de “phishing du deuil”, jouant sur l’émotion des familles pour soutirer des fonds ou récupérer des informations supplémentaires. Par ailleurs, l’existence de “profils fantômes” sur les réseaux sociaux peut servir de cheval de Troie pour propager du contenu malveillant à l’insu des proches. Sans une gestion proactive, nos traces numériques deviennent un terrain de chasse pour les plus malsains.


Comment protéger son héritage numérique ?

La première étape consiste à dresser, dès aujourd’hui, une liste exhaustive de vos comptes et de leurs identifiants, stockée dans un coffre-fort numérique chiffré et accessible par une personne de confiance. Rédigez ensuite des directives claires : pour chaque service, indiquez s’il doit être fermé, transformé (par exemple, un profil mis en état “mémorial” sur Facebook) ou archivés. Intégrez ces instructions à votre testament ou dossier de gouvernance personnelle, et désignez un exécuteur numérique chargé de veiller à leur exécution.

Sur le plan technique, privilégiez des solutions souveraines et hébergées localement (NextCloud, Odoo sur infrastructure québécoise, etc.), où vous contrôlez pleinement les règles de conservation et de suppression. Configurez dans la mesure du possible des durées d’expiration automatique, purgez régulièrement les contenus sensibles et paramétrez les politiques de confidentialité de vos comptes pour limiter la rétention au strict nécessaire.


Vers une culture de responsabilité numérique

La Loi 25 du Québec fixe déjà des exigences de conservation et d’effacement des renseignements personnels, mais reste muette sur la dimension post-mortem. Nous devons donc promouvoir une véritable culture de la responsabilité numérique, tant au niveau individuel qu’au sein des entreprises. Sensibilisez votre entourage à ces enjeux, encouragez vos fournisseurs de services à proposer des mécanismes simplifiés de planification de fin de vie numérique, et réclamez des outils automatisés de “décommissionnement” des comptes à une date ou à un événement déclencheur.

En se dotant dès maintenant de processus et de directives claires, nous pouvons empêcher que nos données ne deviennent un fardeau ou une menace pour ceux qui nous succèdent. Car ce que nous laissons derrière nous n’est pas seulement un héritage affectif : c’est aussi, et surtout, la dernière empreinte de notre vie digitale.


En tant qu’auditeur et expert-conseil, je vous invite à passer à l’action : dressez votre inventaire, formalisez vos directives et choisissez des solutions garantissant votre contrôle jusqu’à “l’au-delà numérique”. Ainsi, vos données, qui vous ont servi de votre vivant, cesseront de vous “hanter” une fois la vie terminée.

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L'Auteur

Charles Groleau est un expert en gestion de patrimoine et succession numérique, spécialisé dans la gestion de données personnelles et la cybersécurité. Reconnu pour son expertise technique et son approche humaine, il offre des solutions personnalisées et sécurisées pour la protection de l’héritage numérique de ses clients.

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